Precious a 29 ans et est originaire du Nigeria. Victime de traite des êtres humains et souhaitant sortir de la prostitution, elle a fait une demande d’entrée dans un parcours de sortie de la prostitution, celle-ci ayant été refusée.
Je m’appelle Precious, je viens du Nigeria, d’Edo State. J’ai 29 ans et je vis en France. J’ai deux enfants, le plus grand à trois ans, le second en a deux.
Mon histoire commence comme cela : quand je suis arrivée en Europe avec ma « Madam » (terme désignant une proxénète, souvent issue du même réseau que la personne exploitée) qui habite au Nigeria.
Je veux parler de ma vie, de la prostitution…
J’avais 20 ans quand je suis partie du Nigeria. Je suis passée par la Libye et l’Italie. On m’a dit que je devais partir travailler en France.
Ma Madam m’a prostituée à Paris. Pendant cinq ans, j’ai payé ma Madam avec l’argent de la prostitution. Je payais ma dette toutes les semaines à ma proxénète. J’ai remboursé 15 000e à ma proxénète, ce n’était pas la totalité des 32 000e que je devais rembourser.
Quand j’ai appris ma grossesse en 2021, j’ai décidé d’arrêter la prostitution, de payer. J’étais épuisée, je ne voulais plus faire cela.
Après la naissance de mon premier enfant, j’y suis retournée. Je n’avais pas d’argent, une bouche à nourrir de plus.
A ma deuxième grossesse, je suis partie de Paris. Je voulais m’éloigner physiquement de la prostitution, de Paris. Je n’avais pas non plus de mise à l’abri via le 115 à Paris.
Quand je suis arrivée à Montpellier, j’ai rencontré l’Amicale du Nid et j’ai pu être mise à l’abri avec mon enfant.
J’ai fait des allers-retours dans la prostitution après mon accouchement, pour survivre.
Precious souhaitait entrer en PSP : elle avait de l’espoir et s’est investie dans la constitution du dossier
J’ai pu dire l’épuisement de la prostitution. Je voulais m’en éloigner, ne plus vivre ces violences. J’ai donc été en accord pour constituer le dossier PSP.
Cela signifiait pour moi l’espoir de pouvoir être « une bonne personne », de pouvoir travailler, de donner un avenir à mes enfants, m’éloigner de la prostitution… C’était un espoir de changement dans ma vie.
Precious a rencontré différents obstacles : Ces décisions l’ont pénalisée au quotidien et dans son projet de vie
Quand j’ai appris le refus PSP, j’étais désorientée. Cela me détruit. Le refus était l’année dernière. Depuis rien n’a changé pour moi et mes enfants.
Je suis hébergée par le Département, je n’ai pas de documents de séjour, je vis avec une aide financière du département. C’est très difficile. Je vais à des cours de français mais je ne peux pas faire plus.
Quand je vais aux rdvs pour mes enfants, je peux être contrôlée par la police. On me demande souvent la « carte vitale », que je n’ai pas, c’est comme si j’étais différente des autres.
Je garde espoir avec le recours fait au tribunal Administratif de pouvoir entrer en PSP. Cette procédure est longue, je reste dans cette situation. Je dois « attendre », je ne peux rien faire d’autre, c’est dur.
Cela représenterait pour moi de laisser la prostitution, les violences au passé, de pouvoir avancer.