Portrait de professionnelle: Jeanne, chargée de mission au siège de l’Amicale du Nid

« Je suis juriste spécialisée dans la défense des droits fondamentaux et en protection internationale liée au genre.

 

A l’Amicale du Nid, je suis chargée de conduire les diagnostics territoriaux sur la prostitution.

 

Souder et interroger les acteurs de terrains et les institutions sur un département permet de mieux comprendre les parcours de vie des personnes en prostitution. De mieux appréhender leurs besoins, de visibiliser les violences qu’elles connaissent et permettre aux professionnel.les d’en parler et de les accompagner au mieux. Dans certains départements encore, la prostitution n’est vue que par le prisme du parcours de sortie de la prostitution qui concerne deux ou trois personnes tout au plus tous les ans, quand les commissions se réunissent…

 

Pour exemple, un brigadier me disait il y a quelques semaines avoir appris à ses collègues que le recours à la prostitution était puni par la loi. Les entretiens et les groupes de travail qui sont réalisés sur place sont un bon moyen de parler à un grand nombre d’acteurs-rices, de les sensibiliser, de favoriser une culture commune et d’encourager l’interconnaissance.

 

Le rapport final comprend une analyse des situations des personnes concernées et des faits repérés, une étude de la prostitution via le numérique, une évaluation de la mise en œuvre des politiques publiques et en particulier la loi de 2016 et plus récemment du plan national de lutte contre le système prostitutionnel et enfin, déroule une série d’actions qui sont selon nous, efficaces et réalisables pour mieux prévenir, repérer, accompagner et réprimer.

 

En ce moment, nous en menons 6 diagnostics dans la région Nouvelle-Aquitaine, ce qui va nous permettre aussi de comparer les pratiques et de proposer des essaimages ce qui fonctionne, en particulier en milieu rural.

 

Après le département de Mayotte en 2023, nous réalisons un diagnostic sur l’ile de la Réunion. Les premiers résultats ont été présentés en septembre 2025. Les retombées se sont tout suite fait ressentir puisque des rencontres ont été organisées et un comité de pilotage des actions va être mis en place, ainsi que des groupes de travail sur les axes de la stratégie afin que chacun.e s’engage à la réalisation d’actions concrètes. Le diagnostic a fait ressortir un nombre important de personnes en prostitution et une acceptation large de la prostitution contre service. 

 

Le diagnostic est une première étape, une première mise en action. Il ressort partout que les professionnel.les sont en demande de soutiens, d’échanges et souhaitent être formé.es. Cela serait intéressant de réfléchir à cet accompagnement après l’état des lieux : comment soutenir les initiatives, répondre à leurs questions juridiques notamment dans des territoires autres que ceux où nous sommes aujourd’hui présents. »