visite de Marie-Pierre VEDRENNE, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur sur le site de la Courneuve de l’Amicale du Nid en Seine-Saint-Denis

Marie-Pierre VEDRENNE, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, Myriam ABASSI, sous-préfète, directrice de cabinet du préfet de la Seine-Saint-Denis, des membres de leur cabinet, Anne-Flavie GERMAIN, déléguée aux droits des femmes en Seine-Saint-Denis, Gilles POUX, Maire de la Courneuve, rendaient visite ce jour à l’Amicale du Nid en Seine-Saint-Denis, son site de La Courneuve.

 

La présentation des services sur ce site a été faite : CHU pour femmes victimes de violences, l’accueil de jour dédié aux femmes en situation de grande précarité, seules ou avec enfants, très fréquemment victimes de diverses violences, la mission mineur.es qui assure de la prévention, des sensibilisations auprès des professionnel.les, un travail étroit avec la Protection de l’Enfance auprès de victimes en risques ou victimes d’exploitation sexuelle.

 

Nous avons saisi l’occasion de cette visite pour souligner :

  • La nécessité d’appliquer pleinement la loi, notamment du 13 avril 2016 :

 

– Une stratégie départementale déclinant la stratégie nationale, élaborée en commission départementale, qui par ailleurs traite les demandes d’entrées et de renouvellement des parcours de sortie de la prostitution, en saluant la reprise du bon fonctionnement de la commission 93 et le fonctionnement collaboratif à venir.

 

– La protection des victimes notamment via les parcours de sortie de la prostitution de deux ans, avec nécessité d’enfin revaloriser l’financière d’insertion actuellement de 343.20€ – au montant du RSA en 2025 (646.52€), et un titre de séjour à l’issue du parcours, sous réserve de respect de l’ordre public… mais aussi l’application du L425-1 qui donne droit, dans le cadre de témoignage en ou plainte pour proxénétisme ou traite des êtres humains, à un titre de séjour durant la procédure judiciaire.

Nous regrettons que pour 40 000 personnes estimées en situation de prostitution en France, seuls 2102 PSP ont été réalisés entre 2017 et 2024.

 

– La prévention, notamment via les programmes EVARS, alors que l’Etat vient d’être condamné pour ne pas avoir assuré l’éducation à la vie affective et sexuelle des élèves pendant plus de vingt ans.

 

– La pénalisation des acheteurs d’actes sexuels qui sont la source de ce système d’exploitation alors même qu’en  2024 seulement 1146 clients étaient verbalisés en 2024 dont la moitié à Paris, sans oublier la sous-condamnation des acheteurs pédocriminels. Cette impunité nourrit le système.

 

– Poursuite de la lutte contre le proxénétisme et réseaux de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle, alors qu’en 2024 seulement 432 affaires ont été résolues, 65 réseaux démantelés.

 

  • Le continuum des violences du système prostitutionnelle entre victimes mineures et majeures, l’extrême majorité des mineur.es restant exploité.es majeur.es.

 

Nous avons plaidé, notamment, pour :

  • Appliquer la loi sur tous ses volets et tous les territoires
  • Protéger les victimes, mineures et adultes, avec ou sans droits complets
  • Obligation d’informer les victimes de leurs droits, en tant que témoin ou plaignante et information sur toutes les étapes de la procédure judiciaire
  • Etendre les places d’hébergement d’urgence dédiées aux femmes victimes de toutes violences aux victimes du système prostitutionnel, en application de la stratégie prostitution et circulaire du 25/11/25 relative à l’organisation territoriale du parcours d’hébergement et de relogement des femmes victimes de violences
  • Des moyens donnés aux associations spécialisées, notamment agréées PSP : prévention, formation des acteurs, aller-vers dans l’espace public et numérique, accompagnement, hébergement, logement accompagnement
  • Former les acteurs publics, privés, dont associatifs à l’analyse du système prostitutionnel, repérage des victimes, accompagnement, protection et orientation
  • La qualification de viol de tout recours à la prostitution de mineur.es et pas seulement pour les victimes de moins de 15 ans
  • Le contrôle d’honorabilité de tous les professionnel.les intervenant auprès des mineur.es
  • Renforcer la lutte contre l’exploitation sexuelle à l’ère de la cyberprostitution, en incluant notamment le caming dans le périmètre de la qualification de recours à la prostitution (cf. avant-projet de loi-cadre d’Aurore BERGE du Proposition de loi 13/11/25 de Laurence ROSSIGNOL)
  • Extension du dispositif « téléphone grave danger » aux victimes de recours à la prostitution (cf. Avant-projet de loi-cadre d’Aurore BERGE)

 

Notre rencontre s’est terminée avec le témoignage de trois personnes accompagnées par l’Amicale du Nid, qui ont évoqué leurs parcours émaillés de nombreuses violences, du besoin de sécurité et de la qualité de notre association où elles peuvent être entendu, comprises, se poser et se reconstruire.