L’Amicale du Nid en Seine-Saint-Denis a ouvert un poste de chargée de mission prévention et sensibilisation dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques 2024 : ce poste, assuré par Hanitra, est parti de l’hypothèse de la recrudescence de l’ampleur de l’exploitation prostitutionnelle et plus largement, des violences sexistes et sexuelles à l’occasion de grands évènements sportifs.
La tenue de grands évènements sportifs d’envergure internationale pouvant profiter au système prostitutionnel, le recrutement d’Hanitra répond aux préoccupations de l’association d’une probable recrudescence de la demande d’actes sexuels tarifés en marge des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La mission qui lui est confiée s’inscrit dans la perspective des olympiades mais vise également un objectif sur le long terme.
En premier lieu, pour mener les actions de sensibilisation et de prévention en amont des Jeux, plusieurs étapes sont nécessaires.
Hanitra, profondément féministe, s’attache tout d’abord à s’informer, se documenter sur le phénomène prostitutionnel en France, et à s’approprier les valeurs défendues ainsi que les principes d’actions de l’Amicale du Nid. Une immersion s’ensuit pour bien comprendre les missions des différents services et appréhender l’écosystème existant : les dispositifs, structures, acteurs et actrices et les corps de métiers impliqués. Cette démarche incontournable lui permet de faire l’état des lieux de la problématique et d’identifier les destinataires des actions en particulier en Seine-Saint-Denis, hautement concernée par ces évènements sportifs abritant plusieurs villes d’accueil et sites olympiques.
Cela étant, il s’agit maintenant d’aller à la rencontre des partenaires identifiés comme prioritaires afin de les convaincre de la nécessité d’agir pour prévenir ce phénomène dans le contexte des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La veille numérique menée depuis le mois de janvier est ici décisive pour leur donner une idée du nombre d’annonces d’actes sexuels tarifés sur leur territoire.
L’étape suivante consiste à avoir un.e interlocuteur.trice de référence en vue de faciliter la co-construction du projet d’action de sensibilisation/prévention, et de garantir sa mise en œuvre. Le but est avant tout de répondre au plus près aux besoins exprimés par les partenaires. Plus concrètement, le contenu et les outils de l’intervention sont adaptés aux demandes, objectifs, contraintes et missions de chaque partenaire. Le département de la Seine-Saint-Denis étant assez vaste, l’action sera différente selon ses destinataires et pourra varier d’un territoire à un autre.
En outre, Il faut assurer la gestion et le suivi des impacts des interventions. Prenons le cas de l’université Paris XIII Saint-Denis : avant même d’entamer une action de prévention auprès des étudiant.es, ce qui est l’objectif de l’université, il faut persuader les responsables qu’une étape intermédiaire est nécessaire. En effet, il n’est pas recommandé de commencer directement par une prévention auprès du public, car si des situations de prostitution ou de risques de prostitution venaient à se révéler à cette occasion, il faudrait au préalable avoir constitué des personnes ressources sensibilisé.es, telles que les personnels encadrants et étudiant.e. s en relais santé au sein de l’université. Ce faisant, un contexte favorable sera déjà en place pour accueillir la parole de celles ou ceux potentiellement concerné.es par cette situation.
En second lieu, pendant la période des Jeux, les actions sont davantage orientées sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, dont les violences prostitutionnelles, sur des sites de célébration (fan zone et safe zone).
Des activités ludiques servent alors de fil conducteur à la sensibilisation depuis un stand, mis à disposition par les partenaires (Plaine Commune et la ville de Saint Denis), tandis que des flyers à destination des victimes, témoins et prostituteurs sont créés pour être distribués au grand public dans une démarche d’aller-vers.
La mobilisation de l’équipe est fondamentale dans la réalisation de cette mission. A titre d’exemples, les sessions de sensibilisation et de prévention sont toujours réalisées au moins en binôme avec un.e professionnel.le de terrain ; la veille sociale n’aurait pas vu le jour sans l’expertise de l’animatrice de l’Amicale du Nid de l’aller-vers numérique, ni devenir un puissant outil de sensibilisation sans le soutien de la chargée de projet de l’Amicale du Nid sur les maraudes numériques auprès des mineur.es et jeunes majeur.es ; la création des outils de communication et leur diffusion ainsi que l’animation du stand sont portées collectivement.
En troisième lieu, dans l’après Jeux olympiques et paralympiques, une des priorités de la mission est de répondre aux demandes d’intervention des partenaires qui n’ont pas pu être satisfaites, faute de temps. Il faut ajouter que dans la foulée des sensibilisations, l’Amicale du Nid est sollicitée pour co-animer ou accompagner la création de groupes de travail axés sur l’exploitation prostitutionnelle.
Dans l’optique de maintenir la dynamique créée en amont des Jeux olympiques et paralympiques, Hanitra propose une session de retour d’expérience à l’ensemble des 420 professionnel.le.s sensibilisé.es (notamment des services sociaux municipaux et départementaux, des bailleurs sociaux, des acteurs et actrices des secteurs de l’insertion professionnelle, de la jeunesse, de la justice, de l’éducation nationale, des forces de l’ordre, etc.). D’une part, pour évaluer l’apport de l’action dans leurs pratiques professionnelles et, d’autre part, pour recenser les éventuelles difficultés rencontrées sur le terrain ou les approfondissements nécessaires visant une montée en compétence.
Enfin, cette mission a permis de ne pas manquer une fenêtre d’opportunité ouverte par la mise sous le feu des projecteurs (notamment médiatiques) du phénomène prostitutionnel lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, pour diffuser et partager une culture commune propice au développement et à la consolidation du travail partenarial en Ile-de-France. L’enjeu de long terme étant de lutter efficacement contre le système prostitutionnel alimenté par la demande d’actes sexuels tarifés.