Prostitution et violence contre les femmes et les filles – Rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, Reem Alsalem – ONU

L’Amicale du Nid (qui avait communiqué une contribution) salue la qualité de ce rapport qui examine les violences dont sont l’objet les femmes et les filles en tant que forme, cause et conséquence de la prostitution.

 

Elle formule des recommandations aux Etats membres  des Nations Unies, après la très juste conclusion suivante, en alignement avec l’analyse abolitionniste de notre association :

  • La prostitution est un système d’exploitation et une forme globale de violence masculine contre les femmes et les filles qui recoupe d’autres formes de discrimination structurelle.

 

Elle est utilisée de façon systématique par un vaste réseau d’acteurs étatiques et non étatiques qui assujettissent, contrôlent et exploitent des femmes et des filles en violant leurs droits humains fondamentaux.

 

Les niveaux extrêmes de violence infligés aux femmes en situation de prostitution − qui ne seraient jamais acceptés dans d’autres contextes − sont couverts par une transaction financière, conçue pour matérialiser un soi-disant « consentement » qui ne peut s’exprimer librement dans le système prostitutionnel.

 

Dans ce contexte, la notion même de « consentement » est instrumentalisée contre les femmes en situation de prostitution, le consentement étant extorqué par la coercition physique ou économique, la manipulation et la violence.

 

La coercition fait partie intégrante du système prostitutionnel, facilitant les facteurs d’entrée dans la prostitution ainsi que le contrôle et l’exploitation exercés par les proxénètes, les trafiquants et les États.

 

Les efforts visant à ignorer les causes et les conséquences dévastatrices de la prostitution pour les femmes et les filles et pour l’ensemble de la société s’inscrivent dans le prolongement de la normalisation historique du rôle stéréotypé des femmes dans la société et de la marchandisation des capacités sexuelles et procréatives des femmes.

 

De même, les sociétés ayant accepté que les femmes et les filles les plus marginalisées soient surreprésentées dans la prostitution ont légitimé la violence à leur égard et leur exploitation, en normalisant le système prostitutionnel comme moyen de subsistance et de survie.

 

  • La prostitution et la traite à des fins d’exploitation sexuelle facilitées par la technologie se développent à un rythme alarmant, au point d’échapper au contrôle du secteur et des autorités.

Les plateformes facilitées par la technologie sont complices en facilitant les pratiques d’exploitation de certaines branches du secteur, comme la pornographie et les services sexuels.

 

Les États doivent éviter de devenir des « États proxénètes » et abolir les lois qui autorisent, tolèrent ou cautionnent la violence et l’exploitation dans le système prostitutionnel et la pornographie.

 

  • Les États ont en outre la responsabilité de protéger et d’aider les victimes de la prostitution en tenant compte de la dimension de genre, et de leur accorder des réparations. Ils doivent aussi s’intéresser aux causes profondes de la violence contre les femmes, comme celles qui sont perpétuées par le système prostitutionnel, notamment éliminer la demande de prostitution en s’attaquant aux inégalités socioéconomiques, à la discrimination et à la marginalisation.