Communiqué de presse, 7 octobre 2022
L’association salue la tenue de ce procès, au terme de cinq ans d’enquête judiciaire. Elle regrette cependant que le réseau, très organisé et violent, ne soit pas jugé aux Assises et espère que les mesures de sécurisation, demandées par les parties civiles, suffiront à assurer la sécurité des victimes durant les dix jours d’audience.
Ce lundi 10 octobre 2022, s’ouvre à la 7e chambre du Tribunal Correctionnel de Marseille le procès d’un réseau nigérian de traite des êtres humains à visée d’exploitation sexuelle implanté depuis 2014 dans la région de Lyon. L’Amicale du Nid, présente aux côtés des victimes, est constituée partie civile dans cette affaire, appelée « Papa Zion », depuis maintenant quatre ans.
Ce procès revêt une importance particulière tant pour les victimes que pour l’Amicale du Nid, considérant d’une part son ampleur et, d’autre part, l’implication de l’association dans le démantèlement du réseau. Dix personnes figureront sur le banc des accusé·es et devront faire face à plus de dix victimes et leurs avocat·es pour répondre de leurs actes.
L’Amicale du Nid sera présente à l’audience aux côtés de son avocate, Maître Maya Lino, pour faire entendre la voix des victimes qui n’ont pas souhaité ou n’ont pas pu être représentées et pour donner à voir le travail considérable mené par les équipes de l’association, sur le terrain, pour accompagner les victimes de traite et lutter contre leurs exploiteurs.
Ce procès est l’aboutissement de cinq années d’enquête judiciaire durant lesquelles près de vingt victimes ont été entendues – dont onze personnes accompagnées par l’Amicale du Nid et constituées parties civiles.
Lors du premier démantèlement, en juin 2018, l’équipe de l’Amicale du Nid de Lyon est intervenue – pour recevoir et accompagner les victimes qui le souhaitaient – avant de déposer une demande de constitution de partie civile associative.
Les membres du réseau, assumant par ailleurs pour certains de hautes fonctions au sein de la Supreme Eiye Confraternity – organisation criminelle nigériane originaire de la ville d’Ibadan et désormais implantée en Europe – n’ont pas hésité à intimider, menacer et violenter leurs victimes, particulièrement lorsque celles-ci manifestaient le souhait de s’émanciper. L’emprise était totale, et la libération de la parole des femmes exploitées en est d’autant plus remarquable.
Si la tenue de ce procès au terme d’une enquête longue et méticuleuse ne peut qu’être saluée, l’Amicale du Nid déplore que cette affaire fasse l’objet d’un jugement devant un Tribunal correctionnel et non pas devant une Cour d’Assises. La traite des êtres humains et le proxénétisme, dans leur forme aggravée, relèvent de la compétence de la Cour d’Assises ; là où le Tribunal Correctionnel se prononce sur des faits délictuels, pour lesquels les peines d’emprisonnement prononcées ne peuvent excéder 10 ans. Ce phénomène, appelé correctionnalisation, est malheureusement trop fréquent dans les affaires de traite des êtres humains et de proxénétisme aggravé.
L’association attend par ailleurs que les mesures de sécurisation de l’audience prévues par le Tribunal, sur demande des parties civiles, permettent d’assurer la sécurité des victimes durant ces dix jours d’audience.
Contacts presse · Amicale du Nid :
Anna BILLARD, Coordinatrice juridique nationale – 06 15 85 60 37
Marie-Hélène FRANJOU, Présidente – 06 83 24 94 75
Delphine JARRAUD, Déléguée Générale – 06 07 15 55 65