En Belgique, un contrat de travail pour les personnes prostituées, essentiellement des femmes est mis en place à partir du 1er décembre 2024

Nombreux sont ceux et celles qui applaudissent car « elles auront des droits comme tout le monde, leur temps de travail sera défini, elles bénéficieront d’une protection sociale, de congés annuels, de maternité et de parentalité… »

 

La prostitution, on le sait, est très dangereuse : une sonnette d’alarme sera installée dans le lieu des « prestations », sans doute le préservatif sera rendu obligatoire et les personnes prostituées auront le bénéfice d’un examen médical régulier.

 

L’employeur libèrera la personne prostituée de la lourdeur administrative en organisant la mise en relation avec les « clients », en définissant les « prestations » et leur prix. Et peut-être lui attribuera-t-il une prime pour travaux spécifiques.

Nous sommes, semble-t-il, devant une véritable avancée.

 

Allons voir plus loin, beaucoup plus loin…

 

De quoi vivra « l’employeur » sinon du paiement des passes en définissant un salaire minimum à la personne prostituée ?

Ce patron ne s’appelait-il pas jusqu’à présent « souteneur » ou « proxénète » ? Ne voudra-t-il pas un jour bénéficier d’une des « prestations », offerte avec gratitude par son employée sous peine de licenciement ?

 

Imaginons une femme demandeuse d’emploi, elle a de la chance, un tout nouveau champ d’activité vient d’être créé et, après une formation, elle pourrait y trouver un poste de travail rémunéré.

 

Elle apprendrait ce que sont les différentes prestations prédéfinies, elle devrait être toujours bienveillante, souriante et à l’écoute du « client ». Non, elle ne veut pas ce travail ? Elle risque alors la cessation du versement de son chômage…

 

Imaginons une adolescente qui n’aime pas l’école et n’y apprend pas grand-chose. Ses parents sont conviés avec elle à une rencontre avec la conseillère d’orientation : « un beau métier, tu sais, bien apprécié par les hommes, après une formation etc… »

 

Imaginons un homme en situation de handicap que le médecin trouve « un peu agité » et pour lequel il prescrit « dix séances » d’actes sexuels avec une professionnelle, à raison de deux par semaine, elles seront bien sûr remboursées par la sécurité sociale : « venez me revoir quand vous les aurez faites, nous verrons s’il convient de les poursuivre… »

 

N’imaginons plus et regardons la réalité de ce que produit la prostitution sur les personnes qui la vivent : ce sont de nombreuses et graves violences physiques, psychiques et sexuelles qui ont des conséquences dramatiques sur leur santé et leur vie. Toutes les études faites sur le sujet, partout dans le monde, en témoignent.

 

Et c’est sans parler de ce que vivent leurs enfants, co-victimes de ces violences sexistes et sexuelles faites aux femmes par des hommes qui pensent normal d’assujettir les femmes à leurs pulsions sexuelles.

 

Rappelons, cela semble oublié, que les femmes sont les égales des hommes et sont des êtres humains comme eux. Elles ne sont pas des objets destinés à la satisfaction sexuelle des hommes. Leurs droits humains sont à respecter, le premier d’entre eux étant le droit à la dignité !

 

Marie-Hélène FRANJOU, ancienne présidente de l’Amicale du Nid