Portrait de personne accompagnée :Carlos, accompagné à l’Amicale du Nid en Bretagne

Comment avez-vous connu l’Amicale du Nid ?

 

En 2018, je suis arrivé en France, j’ai logé chez une amie, et mon objectif était de travailler. J’habitais dans le 93, j’ai commencé à travailler dans la restauration au bout d’un mois. J’ai entamé des démarches pour obtenir mon titre de séjour en parallèle, mais je manquais d’informations quant à la constitution de mon dossier.

 

En novembre 2018, en partant au travail, j’ai reçu un courrier de la Préfecture, qui ordonnait une OQTF (Obligation de quitter le territoire français). J’ai continué à travailler jusqu’en février 2019, et j’ai dû arrêter à la suite de cette décision.

 

J’ai contesté la décision d’OQTF, j’ai engagé un avocat et y ai laissé une bonne partie de mes économies.

 

Je n’avais pas envie de retourner à Saint-Domingue, je suis souvent resté en France, je faisais plusieurs aller-retours à Rennes, mais je ne savais pas où aller, je ne m’en sortais pas.

Mon objectif a toujours été de travailler en France, je souhaitais passer mon bac, puis chercher une formation, malheureusement l’absence de renouvellement de mon titre de séjour m’a empêché de poursuivre l’aventure.

 

J’ai pensé à faire une demande d’asile, mais cela ne correspondait pas administrativement à ma situation, et je ne voulais pas mentir ni inventer.

 

Lorsque ma situation personnelle était compliquée, j’ai été contacté par message par une professionnelle de l’Amicale du Nid, une association que je ne connaissais pas.

 

J’ai d’abord hésité à répondre car je ne savais pas vraiment de quoi il s’agissait. J’ai finalement répondu et pris un rendez-vous et c’est comme ça que tout a commencé. Avec une professionnelle de l’Amicale du Nid en Bretagne, on s’est rencontrés dans un CCAS (Centre communal d’action sociale) à Rennes.

 

Elle m’a expliqué ce que faisait l’Amicale du Nid, elle m’a demandé si j’avais besoin de protections, mais également si j’avais besoin de renseignements concernant ma santé, je lui ai dit que j’allais au CEGIDD (Centre gratuit de dépistage). Au cours de notre conversation, je lui ai parlé de mes difficultés liées à l’obtention de mes papiers.

 

Nous avons donc évoqué le parcours de sortie de la prostitution, son fonctionnement et ses étapes. Nous avons ensuite pris d’autres rendez-vous ensemble, j’ai hésité à suivre ce parcours sur lequel j’ai eu toutes les informations nécessaires, puis j’ai finalement accepté et commencé à constituer mon dossier.

 

Le dossier étant constitué, nous avons eu à le présenter en commission départementale, deux professionnelles de l’Amicale du Nid étaient avec moi. Cela s’est bien passé, j’ai eu mon renouvellement de titre de séjour puis j’ai tout de suite commencé à travailler. J’étais dans la restauration avant mais je voulais changer, je me questionnais pour changer de voie professionnelle.

 

En 2022, j’ai subi un licenciement économique, cela m’est apparu comme une opportunité de changer de cursus. J’ai commencé par une remise à niveau linguistique, puis j’ai commencé mon parcours supérieur, avec un objectif : travailler dans le domaine de la santé.

 

Comment ça se passe aujourd’hui ?

 

Je suis actuellement cette formation, divisée en cinq étapes, et si tout se passe bien, en juillet, j’aurai mon diplôme. J’ai l’opportunité d’effectuer plusieurs stages, cela me fait de belles expériences professionnelles, j’ai travaillé en EHPAD et je travaille actuellement dans un foyer médicalisé au contact de jeunes personnes en situation de handicap.

 

Je suis bien intégré, les gens sont agréables et j’envisage de poursuivre une fois mon diplôme obtenu, de continuer à travailler là-bas.

 

De plus, je garde encore contact avec les professionnel.les de l’Amicale du Nid, nous nous sommes vus récemment à l’occasion d’une conférence sur la prostitution des mineur.es.

Le parcours de sortie de la prostitution – qui a duré deux ans – est terminé depuis cette année, mais je garde toujours contact dès que je le peux.

 

En juillet prochain, je souhaite travailler directement, et par la suite peut-être entamer une nouvelle formation, cette fois-ci pour être aide-soignant.

 

C’est important pour moi d’obtenir une reconnaissance via un diplôme, moi qui n’avais obtenu aucun diplôme en France jusque-là.

 

Pourquoi cette formation en particulier ?

 

Je ne connaissais pas du tout cette formation, je ne me doutais pas de la complexité de celle-ci.

 

Nous avons beaucoup de choses à apprendre ! Entre le stage et les cours, c’est intense. J’ai encore quelques difficultés à l’oral, mais l’écrit et la compréhension se déroulent très bien.

 

J’ai d’ailleurs commencé à apprendre le français à Saint-Domingue, dont je suis originaire. J’ai ensuite suivi en France un parcours d’intégration, dirigé par l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration).

 

Que retenez-vous de votre expérience à l’Amicale du Nid ?

 

Cela m’a apporté beaucoup de choses ! De la confiance tout d’abord, mais également un sentiment de liberté, de pouvoir me déplacer, d’aller travailler. Moralement, je me suis senti mieux et j’ai eu l’impression de retrouver ma liberté.

 

Je suis très reconnaissant envers l’Amicale du Nid car notre rencontre a eu lieu au moment où je n’avais plus d’espoir, je ne savais plus quoi faire.

 

Aujourd’hui, tout va pour le mieux.