Rencontre avec la Ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes

Marie-Hélène FRANJOU, présidente, et Delphine JARRAUD, déléguée générale de l’Amicale du Nid, remercient Elisabeth MORENO, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, pour la qualité de leurs échanges le 8 décembre et pour son intérêt pour la question des violences du système prostitutionnel.

 

Nous saluons sa réaffirmation selon laquelle l’Etat français est « très clairement abolitionniste » et sa considération de la prostitution comme une violence faite aux femmes.

 

Comme nous vous l’avons présenté à Madame la Ministre, l’Amicale du Nid :

  • Est en accord avec le rapport inter-inspections d’évaluation de la loi de 2016, en regrettant nous aussi le manque de volonté politique dans le portage de la mise en œuvre de la loi.
  • Est en accord et participe au groupe de travail relatif à la prostitution des mineur.es en soulignant au demeurant le fait que nous ne souhaitons pas de scission entre personnes mineur.es-majeur.es dans l’approche du système prostitutionnel qui est global et dont les premiers responsables sont les acheteurs de services sexuels, ce qui n’exclut pas bien sûr des spécificités d’intervention pour l’approche de la prostitution des mineur.es
  • Souhaiterait :
    • Une campagne nationale de sensibilisation grand public, de présentation des violences de la prostitution, intégrée dans les campagnes contre les violences faites aux femmes. Cette campagne viserait une information des « clients » prostitueurs sur ces violences dont ils sont les auteurs et la pénalisation de l’achat d’actes sexuels, mais aussi la déconstruction de la stigmatisation des personnes en situation de prostitution, qui sont des victimes.
    • L’importance de la sensibilisation des jeunes avec le renforcement de leurs compétences psycho-sociales, la promotion et l’incarnation de l’égalité filles-garçons, l’appréhension d’une sexualité épanouie. Mais aussi la nécessité du soutien parental des femmes victimes du système prostitutionnel dont les enfants sont co-victimes.
    • Le nécessaire développement de formation des professionnel.les en contact avec les jeunes, des professionnel.les de la santé, du médico-social et du social, des professionnel.les de la chaine pénale, mais aussi auprès des professionnel.les de l’hôtellerie AirBnB, Booking, VTC… –  acteurs qui ignorent ou feignent d’ignorer leur place dans le système de proxénétisme. En outre, la nécessité de lutter contre la cyber prostitution.
    • Des commissions départementales installées dans tous les départements avec des critères objectivés d’entrée dans les parcours de sorties de prostitution, sans que ce soit à la libre appréciation des préfets.
    • Des parcours de sorties de prostitution aux conditions améliorées avec :
      • Une AFIS alignée sur le montant du RSA,
      • Un hébergement sécurisé ou logement pour tou.tes les bénéficiaires de PSP,
      • Des PSP d’une année renouvelable une fois, et donc une APS d’un an renouvelable, avec titre de séjour délivré à l’issue du parcours,
      • Des financements dédiés aux associations accompagnant professionnellement ces bénéficiaires de PSP afin de pouvoir en proposer un développement à la hauteur des besoins,
      • Une approche de la réduction des risques en santé à ne pas centrer sur les seuls risques infectieux et devant intégrer les conséquences sur la santé psychique qui touchent toutes les personnes en situation de prostitution, dont l’état de stress post-traumatique.
    • La nécessité d’activer les leviers d’identification et de protection des victimes de traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.
    • La prévention du devenir auteure des personnes en situation de prostitution.

 


Image : www.gouvernement.fr