Suites de l’interpellation de Zéromacho concernant la prostitution dans des prétendus « salons de massages » asiatiques

Communication de Zéromacho du 26 avril 2022

 

Depuis 2021, Zéromacho s’est engagé dans une action contre une forme de prostitution particulièrement répandue à Paris : les 300 prétendus « salons de massages » asiatiques qui sont en réalité des lieux de prostitution. Des femmes, en majorité chinoises, parlant très peu français, s’y trouvent 10 heures par jour et 7 jours sur 7. 

C’est une forme de prostitution à la fois visible (des boutiques dans des rues de Paris) et discrète, qui n’attire guère l’attention et suscite peu de protestations du voisinage.

 

 

11 réponses de maires d’arrondissements

Le 18 janvier 2022, Zéromacho a écrit aux maires d’arrondissement (et a relancé le 8 avril ceux qui n’avaient pas répondu), leur donnant le nombre de boutiques de massages repérées par notre équipe dans leur arrondissement comme étant des lieux de prostitution, et leur demandant de :

  • formuler un signalement à la Procureure de la République ;
  • interpeller le commissariat de leur arrondissement sur les nécessités d’investigation à l’encontre de ces lieux de prostitution ;
  • présenter un vœu en conseil d’arrondissement pour prioriser et visibiliser ce sujet, eu égard à son urgence et sa gravité.  

 

Nous avons reçu 11 réponses pour 17 arrondissements (les 4 premiers forment Paris-centre).

Nous ont répondu les maires des 8e, 10e, 11e, 14e, 16e, 18e, 20e puis ceux des 12e et 17e. Ce dernier nous écrit être « très mobilisé sur ce sujet », et il y a de quoi : c’est dans son arrondissement qu’il y a le plus grand nombre — 54 — de ces bordels. 

Ceux du 7e et du 13e ont répondu à un signataire de Zéromacho.

Fred Robert, de Zéromacho, a été reçu par des responsables de la mairie du 10e et du 20e.

Nous avons demandé rendez-vous au maire du 17e.

 

En substance, les maires transmettent l’affaire à la police.

Le maire du 16e, l’avocat Francis Szpiner, nous explique qu’« il demeure difficile pour la police dans ce type d’affaire d’établir les faits ».

Difficile ? Oui, c’est ce que nous découvrons avec dépit, et d’autant plus après un rendez-vous de responsables de Zéromacho avec le chef de la BRP (Brigade de répression du proxénétisme).

Les flyers proposant un « massage naturiste » ou « body-body », les commentaires de « clients » sur internet ne laissant aucun doute sur ce qui se passe dans ces « salons », la tenue de la femme qui ouvre la porte — en général, une nuisette —, le fait que seuls des hommes entrent dans ces « salons » ou en sortent, tout cela ne constitue pas des éléments suffisants de preuve.

Bref, la police, la mairie, la justice, les habitants du quartier, tout le monde sait ce qui se passe dans ces « salons », mais il faut en apporter des preuves assez solides pour que des juges puissent condamner des proxénètes dans le respect de la loi.

Pour avancer sur le sujet, nous avons demandé un rendez-vous à la procureure de la République chargée de ce dossier, et aussi à la cheffe de l’OCRTEH (Office central pour la répression de la traite des êtres humains).

 

Un vœu au Conseil de Paris 

Sur proposition de Nicolas Bonnet Oulaldj, Béatrice Patrie et des élu·e·s du Groupe communiste et citoyen, le Conseil de Paris a voté le 23 mars 2022 un vœu dont le premier paragraphe est :

« Considérant l’enquête effectuée par l’association Zéromacho publiée en octobre 2021 [correction : l’étude a été publiée le 9 septembre], révélant l’existence à Paris de plus de 300 “salons de massages” qui sont en réalité des lieux de prostitution générant d’importants profits pour leurs exploitants, répartis dans l’ensemble des arrondissements ».

 

Dans ce vœu, il est demandé que :

  • La Ville de Paris interpelle le Préfet de Police et le Préfet de Paris afin qu’ils se dotent des moyens nécessaires pour démanteler les réseaux de proxénétisme agissant dans les dits « salons de massage » à Paris ; 
  • la Ville de Paris saisisse le Préfet de Police pour que des enquêtes soient diligentées par les services de la Police Nationale sur les faits de proxénétisme afin d’interpeller les gérants et de faire fermer ces établissements ; 
  • les forces de police agissent aussi au niveau des propriétaires des locaux concernés ; 
  • la Ville de Paris interpelle le gouvernement afin de renforcer les aides et l’accompagnement mis à disposition des personnes prostituées pour les sortir des réseaux de proxénétisme ; 
  • la Ville de Paris augmente la prévention à destination des jeunes au sujet de la prostitution et du proxénétisme et renforce les moyens des associations agissant pour accompagner les victimes de ces réseaux ; 
  • la Ville de Paris lance une campagne d’information autour des Jeux Olympiques de Paris 2024 visant à faire connaitre la loi française en matière d’achat d’actes sexuels. 

 

Réactions de Zéromacho sur Twitter et Facebook 

Après une nouvelle salve d’insultes, nous avons réagi le 2 février 2022 et publié les posts suivants sur Twitter et Facebook :

 

« Ras le bol d’être traités de transphobes et de putophobes quand on lutte contre la traite d’êtres humains ! La prostitution n’a jamais profité aux personnes prostituées mais aux passeurs, aux propriétaires de bordels, aux « clients », aux proxénètes. Ça n’a jamais été une activité libre car seules des personnes pauvres et opprimées sont réduites en esclavage ! Quelle malhonnêteté et quelle honte de faire croire que des femmes pauvres, des mères de famille parfois, seraient venues de Chine jusqu’en France en choisissant librement la prostitution comme activité ! »

Dans des boutiques de rues de Paris, des femmes chinoises subissent une triple exploitation : sexuelle, économique et raciste. Aidons-les à en sortir et ne laissons personne faire croire que cet esclavage pourrait être réglementé !  Dans l’intérêt de qui ? »

 

« 300 « salons de massages » à Paris, dans tous les quartiers : des boutiques d’apparence banale, dans lesquelles on ne voit entrer que des hommes.

Dans ces « salons », des centaines de femmes victimes de la traite et de l’exploitation sexuelle, originaires de Chine et parlant à peine français.

Des femmes enfermées 10h/j et 7/7, au service d’hommes qui achètent des actes sexuels alors que la loi de 2016 l’interdit.

Une banalisation de la prostitution intolérable pour Zéromacho.

Les responsables de Zéromacho et de nombreux membres de l’association ont signalé les faits à la procureure de Paris en demandant l’application de la loi qui réprime le proxénétisme (le fait de donner en location une telle boutique) et l’achat d’actes sexuels. »