Une étude biaisée qui manipule les chiffres pour soutenir une lutte de principe contre la loi d’abolition de la prostitution

L’étude coordonnée par Médecins du Monde¹ a eu un grand écho médiatique et ses conclusions sont brandies par les opposant.e.s à la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. Un examen détaillé de cette étude – qui, comme le soulignent ses auteur.e.s, présente des biais importants – montre cependant que les données recueillies ne confirment pas les hypothèses et, pour certaines, contredisent les conclusions affichées.

 

Quelques exemples :

  • Sur l’exposition aux violences: la baisse du nombre de clients et la précarisation pousseraient les personnes en situation de prostitution à prendre plus de risques, à s’isoler davantage, ce qui entraine une hausse des violences subies. Or, que disent les personnes interrogées ? Pour 45.5%, rien n’a changé, pour 9.3% la situation s’est améliorée. Comment peut-on soutenir alors que la loi entraine une nette augmentation des violences ? Oui, la prostitution est une violence ; la première d’entre elles est celle d’un acte sexuel imposé par l’argent. Les violences du contexte existent malheureusement depuis fort longtemps et seule une mise en place volontariste et complète de la loi pourra les faire baisser.
  • Sur la « négociation »: le rapport de force entre les clients et les personnes en situation de prostitution se serait dégradé, voire inversé. Or, sur la question de l’imposition de rapports sans préservatifs, l’étude ne permet pas de conclure à une évolution : 50% des personnes n’observent pas de changement, 38,3% trouvent que c’est moins facile qu’avant, 6% que c’est plus facile qu’avant. Il est précisé dans l’enquête qualitative que « la majorité des personnes rappelle que cela a toujours existé ».

 

Pourquoi un tel parti pris ? Nous ne pouvons que reprendre les mots de la Présidente de l’Amicale du Nid : « L’association de Médecins du Monde soutient la « liberté » des hommes de marchandiser le corps de femmes, d’hommes et d’enfants. Des médecins privilégient la violence sur des êtres humains plutôt que de la combattre ! C’est scandaleux ! »

 

 


1 Que pensent les travailleur.se.s du sexe de la loi prostitution ? Enquête sur l’impact de la loi du 13 avril 2016 contre le système prostitutionnel, publiée en avril 2018