La manifestation pour le 8 mars 2021 à Montpellier : des violences inacceptables contre les féministes abolitionnistes

Des faits le 7 mars dans les rues de Montpellier :

Le collectif (7 associations[1]) abolitionniste 34 (abolition du système prostitutionnel) s’est joint à la manifestation dite unitaire pour les droits des femmes et contre toutes les formes de violences. Nous avons réussi à ce que le terme « travail du sexe » ne soit pas employé cette année dans un des tracts que nous avons signé.

Des faits aussi graves que choquants se sont produits durant cette manifestation. Des personnes nous ont harcelé·es et ont voulu par la violence nous intimider et nous silencier.

– Nous avons été interpellées avant le début de la manifestation en raison de la banderole sans slogan portant le texte « Prévenir la prostitution ». On nous a demandé de la retirer. Quatre jeunes femmes sont venues nous encercler et nous interdire de manifester avec cette banderole, disant que c’était une honte. Elles argumentaient avec véhémence et répétaient que nous étions une honte et que nous étions violentes pour les TDS. Nous avons tout de même gardé la banderole.

– Une personne qui portait le fanion de l’Amicale du Nid se l’ait vu arracher et emporter, on lui a dit « pas d’accord avec ce que vous faites ».

– Une militante OLF34 a été agressée dans le premier tiers du parcours, avant l’arrivée à la gare, par un homme qui a arraché sa pancarte et l’a déchirée (on a la photo de la personne et de la pancarte déchirée). La pancarte ne contenait aucun slogan, seulement des chiffres (entrée en prostitution se fait en moyenne à 13,5 ans et l’espérance de vie d’une personne en situation de prostitution est de 40 ans).

– Il y a eu une ambiance hostile à partir de là et provocations par des personnes non abolitionnistes envers des militantes d’OLF34 en particulier.

– Pendant la manif, deux jeunes filles qui défilaient devant notre banderole ont baissé leur pantalon et nous ont montré leur cul en rigolant.

– Il était prévu (tout avait été organisé par l’ensemble des associations bien à l’avance) qu’OLF34 prenne avec d’autres la parole devant le palais de justice pour dénoncer le traitement des viols et des féminicides par la justice. Tentatives pour nous en empêcher de prendre la parole, brouillage par mégaphone, huées et chants hostiles. Finalement la prise de parole a pu avoir lieu après l’intervention de la présidente du mouvement du planning familial.

– Des personnes ont voulu arracher et à détruire nos pancartes exposées sur les grilles du palais de justice pendant la prise de parole, plusieurs militantes OLF34 se sont interposées et cela a été suivi d’une altercation verbale.

– de nombreuses femmes nous ont apporté leur soutien pendant ces évènements

Commentaires :

Quel·les sont les organisations, les associations ou les individu·es qui s’introduisent dans un collectif pour insulter, manipuler, intimider menacer et violenter les militantes féministes en manifestation féministe ?

C’est de plus en plus fréquent.

Il est absolument nécessaire que le collectif montpelliérain condamne ces agressions. Malgré les divergences d’opinion des différentes organisations sur certains sujets, dont la prostitution ! toute agression commise dans le cadre d’une manifestation unitaire féministe est inadmissible et devrait être sanctionnée par un refus d’intégrer leurs responsables dans les manifestations futures.

Hélas ! l’expression collective du féminisme devient un cauchemar !

Nous savions que nous paierions, dans ce pays, notre féminisme de quelques stigmatisations et violences masculines. Mais nous n’avions pas imaginé nous confronter à d’autres femmes violentes et acceptant voire célébrant une des pires violences patriarcales, le viol tarifé et la chosification des femmes.

Il faut rappeler que nous ne nous battons pas contre les personnes prostituées mais contre un système qui marchandise les corps et met en esclavage les femmes les plus vulnérables, celles qui migrent, celles qui n’ont pas d’argent et qui ont des enfants à nourrir, celles qui ont subi des violences de tous ordres… Cette violence ne peut être mise au rang d’un travail comme un autre, à moins que l’on confine les femmes au rôle subalterne du faire jouir les hommes dans le mariage et la prostitution, à moins que l’on accepte la domination masculine et l’appropriation des femmes par les hommes pour leur service et leur plaisir, ce qui est totalement contraire à nos combats féministes, aux droits des femmes et à l’égalité.

Une association comme l’Amicale du Nid n’exerce aucune violence contre les personnes prostituées, elle met en place un accompagnement le plus complet possible pour aider les personnes qui le souhaitent à sortir de ce qu’elles dépeignent comme un enfer, comme une situation de violences sexuelles et sexistes et de dégradation de soi insupportables (voir les survivantes).

La revendication par certaines personnes prostituées d’être traitées comme travailleuses du sexe peut se comprendre par le besoin de reconnaissance, de dignité et le fait que l’usage de leur corps par des clients leur donne de quoi vivre. Mais qui sont ceux qui profitent du système prostitutionnel et qui profiteraient (comme c’est le cas par exemple en Allemagne, le plus grand bordel d’Europe) d’une réglementation de la prostitution comme tout travail officiel ? Les proxénètes et trafiquants et les prostitueurs-clients. Peut-on alors accepter que des personnes manifestent pour la journée internationale des droits des femmes en agressant des abolitionnistes et en protégeant finalement les intérêts des prostitueurs ? En fait sont-elles mandatées, ces personnes, pour cela ?

Auraient-elles dit de l’abolition de l’esclavage qu’elle privait les esclaves de leur travail et que c’était violent ?

Collectif féministe abolitionniste 34

[1] Amicale du Nid, CIDFF, Citoyennes Maintenant, Mouvement du Nid, OLF, Psych&genre, Zéro macho.